En 1828, Georges Hippolyte LE GALL du TERTRE acquiert le manoir de Pont-Muzard. Après d’importants travaux, cette propriété devient la résidence principale des LE GALL du TERTRE (2ème branche) jusqu’en 1870. Cet article propose de vous présenter cet édifice méconnu et de vous faire découvrir les métamorphoses de son environnement.
Caractéristiques du manoir de Pont-Muzard
Le manoir de Pont-Muzard est un édifice historique attesté dans les textes depuis 1427. Il est situé à 8 km à l’est du bourg en bordure du ruisseau et des étangs de la Chèze.
L’édifice actuel est construit vers 1830 et des transformations sont réalisées au début du XXe siècle. Néanmoins, il conserve des bâtiments du XVIIe siècle et une intéressante tour d’escalier à encorbellement du XVe siècle. Ses murs sont composés de schistes, de grès, de moellon sans chaîne en pierre de taille en appareil mixte. Enfin, ses toits sont en ardoises.
Le bâtiment est inscrit à l’inventaire général du patrimoine culturel.
Toponymie
La toponymie du domaine mentionnée se retrouve sous diverses formes : Pont-Mussart, Pontmussart, Pontmassart, Pont-Messart, Pont-Mezard, Pont-Musard, Pont-Muzart, Pontmuzart. Cependant, la multiplicité des formes orthographiques retrouvées rend difficile la compréhension de sa signification.
Pour la première partie du toponyme, la présence d’un ancien pont sur la Chèze à proximité du château explique sa signification. Pour la seconde, l’origine est plus incertaine. En effet, soit Muzart ou Massard est l’aphérèse de Thomas (un ancien propriétaire), soit on y retrouve le vieux français « musser » qui signifie cacher ou dissimuler.
Ainsi, le toponyme pourrait se comprendre comme le « Pont-Thomas » ou le « Pont-caché ».
Propriétaires et seigneurs de Pont-Muzard
Plusieurs ouvrages mentionnent le manoir de Pont-Muzard dès le XVe siècle. Cependant, seuls quelques seigneurs se sont succédés jusqu’à la Révolution Française.
Ainsi, les armoriaux et nobiliaires bretons mentionnent les familles suivantes comme propriétaires :
- TOUET
- de LA MOTTE du PORTAIL
- GUYET du TEIL
Lorsque Georges Hippolyte LE GALL du TERTRE acquiert en 1828 la propriété de Pont-Muzart, celle-ci est achetée à une célébrité locale : Jean ELLEVIOU (voir encadré ci-dessous).
Après d’important travaux, la propriété devient la résidence principale de la famille LE GALL du TERTRE jusqu’en 1870.
Le 1er septembre 1870, par un acte dressé par Maitre DUVAL notaire à Pacé, le manoir est vendu aux familles LE DÔ et GENIAUX.
Ensuite, le manoir de Pont-Muzard a appartenu successivement aux familles suivantes :
- GRIVEAU
- de PORCARO
- de FERRON
- BASTIDE de LUDE
Aujourd’hui le manoir appartient, entre autres, aux descendants des familles TOUET et de LAMOTTE du PORTAIL.
Jean ELLEVIOU
Pierre Jean Baptiste François ELLEVIOU (1769-1842), dit Jean ELLEVIOU, fut un chanteur, comédien et librettiste qui eut de nombreuses années de célébrité à la fin du 18e et au début du 19e siècle.
Jean ELLEVIOU voit sa notoriété bondir lorsqu’il reprend le répertoire ancien de Grétry (Richard Cœur-de-Lion, Pierre le Grand, etc.). Mais c’est le personnage qu’il crée en 1807, Joseph de Méhul, qui devient son rôle fétiche et qui assoit définitivement sa notoriété.
Au faîte de sa gloire à 44 ans, il quitte le monde artistique pour se lancer dans l’agriculture. C’est à cette période qu’il acquiert probablement le manoir de Pont-Muzard. Il le revendra quelques années plus tard pour s’installer loin de l’Ille-et-Vilaine : dans le Rhône. À Ternand (69), il achète le château de Ronzière. Maire de sa commune, conseiller général et agronome reconnu, il meurt subitement à 73 ans lors d’un séjour à Paris avec sa femme.
Enfin, Jean ELLEVIOU est le fils du chirurgien en chef de l’hôpital militaire de Rennes, François Charles ELLEVIOU. Pour l’anecdote, François Charles ELLEVIOU est un des signataires de l’acte de naissance de Georges Hippolyte LE GALL du TERTRE.
La vallée de la Roca et le barrage de la Chèze
Le vallon de la Roca est dans l’environnement immédiat du manoir de Pont-Muzard.
Cette vallée a longtemps été considérée comme l’une des plus belles vallées de l’Ille-et-Vilaine (Les sites remarquables de la Bretagne de l’intérieur – page 32).
Malgré ces considérations, entre 1973 et 1975, une retenue d’eau de 38 mètres de hauteur pour une largeur de 13,5 mètres à la base est construite à Saint-Thurial. Ce projet a pour but de sécuriser l’alimentation en eau potable de l’agglomération rennaise.
Mis en eau en 1976, ce barrage permet de stocker un volume d’eau de 14,5 millions de m3 ce qui en fait le plus gros barrage du département.
Depuis, l’environnement du château est métamorphosé et il est aujourd’hui difficile d’imaginer la propriété que nos ancêtres ont connue. Seules des cartes postales anciennes et des cartes détaillées permettent d’apprécier l’évolution des lieux.
Enfin, les zones englouties par les étangs de la Chèze sont visibles en comparant des cartes de la zone sur le site www.remonterletemps.ign.fr :
